vendredi 25 mars 2011

Le fatalisme, espoir ou déroute ?

Il est des règles de l'ombre régissant les fluctuations de l'Histoire facilement mises à jour par un brin de lucidité.

La tendance aujourd'hui des analystes politologues, sociologues, économistes et autres intellectuels avisés est me semble-t-il bimodale. En tout cas elle nous est présentée comme telle. Il y a d'un côté ce que je nomme les « intellectuels du mal de mer », ceux qui sont sur le bateau du pouvoir, voguant sur les tumultes des peuples exploités et analysant par dessus la coque les causes des remous actuels que subit l'équipage. De l'autre côté il y a les « intellectuels nageurs », à la surface de l'immense masse humaine dont les responsabilités sont liquéfiées, et qui suivent le fameux navire du pouvoir tentant souvent de s'y accrocher pour en avoir les miettes ou même d'y monter pour pleinement en profiter.

Partant de ce constat imagé et volontairement simpliste pour correspondre avec les techniques de propagande exclusivement manichéenne que l'on nous impose, il n'est pas étonnant de voir se confronter aujourd'hui la philosophie de l'accumulation oligarchique de ce que j'appelle les « Potentiels » (l'argent, les ressources, le pouvoir) qu'est devenu le capitalisme des néo-libéraux, avec la philosophie de réaction à cette dernière qu'est l'égalitarisme sélectif (ici ironiquement nommée), c'est-à-dire la répartition des Potentiels selon des règles arbitraires de méritocratie qui mènerait in fine … à une accumulation oligarchique des Potentiels par ces nouveaux braves méritants !

Les analystes de ces deux bords aujourd’hui convergent curieusement pour nous expliquer que la crise financière nous mène selon leurs propres termes « dans le mur », « à l'impasse » ou encore « au chaos ». Derrière ces formules conjointes stimulant la peur des esprits dilués des contribuables, les volontés des deux parties bien pensant sont de convaincre que leurs solutions sont les plus pertinentes, les plus salutaires pour la masse liquéfiée du peuple. Cette crise qui a soit-disant débuté avec la crise des subprimes de 2008 mais qui en réalité cache une crise continue subie par les contribuables par des lois, des mesures, des décrets, des amendements et autres artifices technocratiques sensés nous éloigner de la vraie citoyenneté participative. Ce qui jaillit comme « crises » ne sont autres que des transitions rapides nous ramenant à un nouveau cycle de « croissance-décroissance » c'est-à-dire d'exploitation des masses selon de nouvelles règles, toujours plus obscures.

Ainsi le côté des "pieds secs", appelons-les ainsi avec le sourire, prône désormais « l'austérité », entendons par là  que la politique à venir vise à calmer les vagues populaires en les oppressant davantage, le navire accélère donc au lieu de ralentir.

Du côté des essoufflés, à force de vouloir tenir le rythme dans le sillon du si brillant navire, on présente les mêmes peurs mais on l’exploite différemment pour parvenir à rendre plausible une alternative contrôlée. Une élite veut simplement en chasser une autre.

Certains devant ce constat rude, aiment croire en une intervention divine pour les sortir de ce malaise,  
malheureusement le fatalisme universel, au sens de l'Univers physique qui nous entoure, laisse à penser que nulle main divine ne vient changer le cours des choses, jamais. Les étoiles, aussi immuables paraissent-elles, finissent par s'effondrer ou par exploser. Les plus solides et précieuses expressions de l'élan vital qui s'est immiscé sur notre si prolifique planète n'ont pas non plus su trouver au milieu de ces millions d'années, de miracle salutaire face aux catastrophes naturelles hasardeuses (extinctions massives des espèces par exemple) ou artificielles (surexploitation Schumpeterienne des Potentiels par l'homme).

C'est je pense ce même fatalisme probabiliste ajusté au costume des politiques qui va détruire, sans précautions ni état d'âme, sans peur du futur aussi déshumanisé soit-il, de façon définitive le système politisé, nommé faussement Démocratie, mis en place il y a maintenant des milliers d'années par les Grecs, 

«Il n'y a pas de solution car il n'y a pas de problème » disait Marcel Duchamp, c'est effectivement un constat possible si l'on se place en dehors de l'humanité par extrapolation des observations de la mécanique intangible des astres jusqu'aux tristes atermoiements de la vie sur terre. C'est-à-dire si l'on situe chaque problème dans un maillage multidimensionnel aux motifs reproductibles ou comparables sans jugement de valeurs, c'est-à-dire si l'on considère pertinent un modèle de réflexion dit fractal, pour reprendre ce terme scientifique qui me paraît adéquat, au centre duquel ne se trouve pas l'homme mais l'absurdité de l'existence même.

«Carpe diem, Carpe horam » disait Epicure, cueillons le jour, cueillons l'heure … oui, mais si seulement chacun de nous en a les moyens. Je rajouterai laissons tomber la politique qui n'a d'autre but que de vassaliser la majorité, redécouvrons la solidité humble de l'âme humaine face au juste vide qui gouverne l'absolu de l'existence. Ainsi l'inertie anarchique volontaire, généreuse et organisée pourrait substituer le système et ses «alternatives», avec 55% d'abstention, nous y sommes presque... Provoquons un «désordre» apparent à l'image de ce qui nous entoure, pour laisser libre cours à un ordre de la vie, un épanouissement de l'esprit, une conscience de l'âme, et à l'empathie en guise d'auto-régulation des mœurs. Tuer les désirs de pouvoir dans l’œuf en quelques sortes ...

Fataliste? Par constat
Désespéré ou pessimiste ? Loin de là vous l'aurez compris...
Le rouage lancé il y a 15 milliards d'années n'est perturbé par aucun grains de sable, comprenons-le ou laissons la place à l'espèce suivante...

La légèreté de l'insoutenable


Titre non sans rappeler le livre de Kundera dont je n'ai lu que les premières pages et retenu que la toute première (l'histoire n'est qu'un éternel recommencement), mais dont j'aime le titre : l'insoutenable légèreté de l'être.

Avec cette inspiration en tête je m'interroge plutôt aujourd'hui sur la légereté de l'insoutenable, avec quelle facilité l'insoutenable se produit, se lit, se décortique et s'évapore dans l’égoïsme de nos sociétés. On retient sa respiration 1 seconde face à l'horreur présentée avec tant de zèle par les médias, puis on analyse que l'insoutenable est loin de soi puis on se rassure, on souffle et on marche comme si de rien n'était. Ce mécanisme de survie n'est pas inéluctable, la solidarité apprend, l'empathie s'expérimente, la foi en l'Homme et donc en la lumière de l'âme peut renverser la donne. L'espoir ainsi de soumettre à la gravité les différents "insoutenables" de plus en plus nombreux, sournois et devenus terriblement communs. Les valeurs de nos sociétés du profit, et de la considération du bonheur personnel comme une nécessité de malheur des autres, sont tout sauf spirituelles, tout sauf profondes, justes...il serait grand temps de rendre à l'Humanité, ce qui ne peut s'enlever chez les autres êtres vivants, sa poésie.

lundi 7 mars 2011

Vertige...Osons nous regarder, osons nous comprendre !

L'horizon s'offre à moi de la terrasse de cet immense building de verre, fait sur mesure pour les aspirations vaines des hautains citoyens.

En contemplant cette ville, harmonieuse vue des toits, si belle, aux reflets de soleil rouge, orange, bleu, blanc et tout ses éclats !

Mais en regardant le sol, ce que personne ici ne fait jamais, à croire que nos nuques ne daignent de s'abaisser à de si pitoyables desseins, j'eus un vertige foudroyant. Non à cause de la hauteur, d'un sentiment de danger pour ma petite personne mais de la multitude des corps couchés à même le sol que je viens de croiser sans les regarder.

Maintenant je peux les voir, les observer, à l'abri dans ce donjon de Fortune.

Ces êtres que je ne voyais même pas alors qu'ils étaient à mes pieds, sont maintenant l'objet de toutes mes pensées.

Le vertige oui, c'est bien cela, plus de repères, il n'y a pas de raison à laquelle se raccrocher, l'absurde, l’allègre absurdité d'une société sans cœur. Un foyer hostile, de violences et d'indifférences. La ville est une prison, ses habitants des criminels, oui je l'affirme, le concept choque mais un complice de crime porte sur lui une charge moralement aussi lourde sur ses épaules d'aliéné, de manipulé. Cautionner la haine en dormant à 30 mètres au dessus du sol, dans le lit de l'égoïsme, les miroirs au mur, dis moi miroir, oui dis moi que je suis le plus beau avec mes bijoux, mes doigts manucurés, mon parfum Boss, que j'écrase de mon indifférence les miséreux dans les oubliettes de la solidarité.

Oh certes je regarde les belles publicités, très créatives, de 'action contre la faim', je suis choqué par les affiches outrageuses du Secours Populaire, j’applaudis l'abbé, mais après ? Je souris d'être le client auquel on soumet des visons, oui, donnez moi à voir, donnez moi à ressentir mais ne me demandez pas d'agir.

Alors je pense que vous aussi, derrière vos écrans, vous êtes en danger, des affiches nouvelles bientôt seront destinées aux démunis, aux exclus par des slogans du genre' Vous, nos victimes, lamentez vous davantage, rampez au sol, mutilez vous pour nous amuser car nous sommes des assoiffés. Nous voulons du spectacle, du pathétique, de la violence ! un thème par chaîne télévisée (des centaines aujourd'hui), soyez solidaires pour une meilleur complicité! Peut-être verrez vous vos blessures à la télé ! n'hésitez plus, pleurez ! ». L'âme baveuse, vous vous délecterez de votre obésité jusqu'à étouffer de honte dans la graisse devenue acide.

Le ridicule ne tue pas ? La guerre n'est-elle pas ridicule ? La quête de l'enrichissement personnel à tout prix n'est-elle pas ridicule ? S'empiffrer devant la télévision du haut de sa tour, rêvant d'y passer dans un jeu débile pour gagner de quoi la regarder sur un écran encore plus grand, alors qu'en bas partager, discuter, comprendre, sauverait des vies, n'est-ce pas ridicule ? Le ridicule tue désormais, et l'absurde en est le miroir révélateur.

Ce n'est qu'un constat, nous sommes des moutons cannibales, se dévorant entre eux pour le plaisir malsain de nos élites bergères. Attention au Loup, qui pompera votre sang mais réveillera votre conscience.

Osons nous regarder, osons nous comprendre, nous même et nos semblables, puis osons comprendre ceux qui nous manipulent, et enfin osons les renverser ! 

Repus ? changez de chaîne, il n'y a que ça à faire … mais où est mon miroir ?